Introduction du cours

La conférence aborde la question de l’esclavage dans l’Egypte grecque et romaine, c’est-à-dire à uneépoque située après la conquête gréco-macédonienne de l’Egypte par Alexandre le Grand (332 av. n.è.). Elle ne se limite pas stricto sensu au règne de Cléopâtre VII (51-30 av. n.è.) Notre connaissance de l’esclavage est alors rendue très précise grâce à l’abondance de la documentation papyrologique grecque (plus de 800 esclaves connus). Elle montre qu’une nouvelle période dans l’histoire multimillénaire de l’Egypte ancienne avec l’introduction par les Grecs de l’ « esclavage marchandise » (l’esclave acheté et vendu considéré comme un bien). Rappelons que l’existence de l’esclavage dans l’Egypte pharaonique est contestée par nombre d’égyptologues (ainsi Bernadette Menu, Egypte pharaonique. Nouvelles recherches sur l’histoire juridique, économique et sociale de l’Egypte ancienne, Paris, L’Harmattan, 2004, p. 337-359).

Résumé du cours

1. Les sources de l’esclavage
Le droit de la guerre dans l’Antiquité place les vaincus entre les mains des vainqueurs. Les prisonniers de
guerre constituent cependant une infime minorité des esclaves dans l’Egypte. Les seuls esclaves appartenant
à cette catégorie sont des esclaves importés en Egypte. L’accroissement naturel est le moyen le plus
répandu pour posséder des esclaves. Des textes montrent la volonté des propriétaires de favoriser les
naissances. Ils favorisaient pour cela les unions entre esclaves. Dans l’Egypte romaine les femmes esclaves
mères de trois fils bénéficient de privilèges (exemption de travail). Elles sont affranchies si elles élèvent
plus de trois enfants. Les enfants abandonnés à leur naissance peuvent être recueillis et élevés comme des
esclaves. Cette pratique est bien attestée dans l’Egypte romaine. L’exposition d’enfants, bien attestée dans
la Grèce des cités à l’époque archaïque et classique, a – semble-t-il – disparu dans l’Egypte ptolémaïque.
Ces enfants abandonnés sont majoritairement des filles. Un poète grec de la Comédie Nouvelle, Posidippe
de Pella écrit : « Un garçon on l’élève toujours ; mais une fille on l’expose, même si l’on est riche ».
L’achat et la vente d’esclaves sont bien attestés dans la documentation. Le prix de l’esclave varie en fonction de l’âge, du sexe, du niveau d’éducation, de la condition physique et de la beauté. Le don d’esclave se pratique surtout entre des personnes ayant des liens de parenté. Les esclaves peuvent être donnés en garantie d’un prêt. En cas de non remboursement ils deviennent la propriété du créancier. Les propriétaires sont surtout des Grecs (ou des Romains).
2. Les activités des esclaves
La population servile est très minoritaire dans le monde du travail. L’activité économique repose majoritairement sur des personnes libres, en particulier pour l’agriculture qui est le secteur essentiel, dans ce monde pré-industriel. Les paysans sont des Egyptiens, dont les conditions de vie sont difficiles, mais qui sont de statut libre. Les esclaves sont surtout concentrés à Alexandrie, ville-mégapole de 400.000 habitants.
Sur les 800 esclaves connus pour l’Egypte romaine, leur activité reste inconnue dans 90% des cas.

Les esclaves sont présents dans cinq secteurs :
1/ le travail domestique (servantes et serviteurs ; commissionnaires ; tisserandes et tisserands ; coiffeurs,
musiciens…)
2/ La location de leur force de travail (artisans, travaux agricoles, nourrices, prostituées, prostitués…)
3/ L’agriculture et les transports (paysans, chameliers, âniers…)
4/ Intendants et hommes de confiance
5/ Agents de l’administration (fonctionnaires subalternes)
3. Statut juridique et affranchissement
L’esclave est considéré comme une chose, comme dans l’ensemble du monde antique. L’esclave est victime de nombreux sévices : enfermement, emprisonnement, enlèvement, violence verbale, violence physique, violence sexuelle. Il faut attendre le deuxième siècle de n.è. pour qu’une protection juridique (limitée) apparaisse. Une constitution de l’empereur romain Antonin (131-161) prévoit des sanctions contre le propriétaire qui tue son esclave sans raison. Cette plus grande humanité est une influence de la philosophe stoïcienne, qui considère l’esclave comme un être humain, et prône l’égalité entre libres et esclaves.
L’Egypte grecque et romaine ne connaît aucune révolte d’esclaves. Les solutions pour échapper à cette condition sont individuelles : la fuite (vers les grandes villes) et la recherche de l’affranchissement. L’esclave doit payer une taxe au moment de son affranchissement. Une clause prévoit souvent qu’il doive rester auprès de son ancien maître et continuer à travailler pour lui comme salarié libre (paramonè).

Ce cours est proposé par:
Bernard LEGRAS 

Qui est Bernard LEGRAS ?

A venir

Supports du cours

[fusion_widget_area name= »avada-custom-sidebar-up-single-cours-side » background_color= » » padding= » » class= » » id= » »][/fusion_widget_area]