Introduction du cours

Dans une société où la recherche de repères tient une place de plus en plus importante, la question des origines se pose tout naturellement. Malheureusement les documents attestant les origines sont souvent absents ou lacunaires et ne proposent pas toujours de réponses fiables ou satisfaisantes. L’ADN permettrait-il de lever toutes ces interrogations légitimes sur les origines ?

Résumé du cours

Peut-on retrouver ses origines par l’ADN ?

Dans une société où la recherche de repères tient une place de plus en plus importante, la question des origines se pose tout naturellement. Malheureusement les documents attestant les origines sont souvent absents ou lacunaires et ne proposent pas toujours de réponses fiables ou satisfaisantes. L’ADN permettrait-il de lever toutes ces interrogations légitimes sur les origines ?

Pour comprendre le véritable « pouvoir » de l’ADN dans ce domaine, et ses limites, quelques remarques sont nécessaires sur ce qu’on entend par « origine ». Est-ce l’origine généalogique ? Est-ce les attaches ou la référence à un groupe, une population ou une ethnie ancestrales, Ou s’agit-il seulement de situer la localisation géographique de lointains parents ?

  • Origine généalogique ? Comme chaque personne a deux parents, 4 grands-parents 8 arrières-grands parents etc… on arrive rapidement, selon cette croissance « exponentielle » du nombre d’ancêtres, à une impossibilité. Au bout de 1000 ans, nous aurions plus de 8 milliards d’ancêtres, plus qu’il n’existait de personnes sur la Terre. En réalité, les populations n’étant pas d’effectif infini, on peut montrer que, dans une population stable de 10000 personnes par exemple, toutes les personnes vivant actuellement ont au moins un ancêtre en commun il y a environ 14 générations et qu’elles ont toutes le même ensemble d’ancêtres il y a 24 générations. Finalement, du moins du point de vue généalogique, nous avons tous des ancêtres communs ayant vécus il y a peu de générations par rapport à l’origine africaine d’Homo sapiens (environ 150000 ans, quelques 6000 générations).
  • L’ADN est-il informatif ? Il faut distinguer : l’ADN mitochondrial (ADNm), transmis en lignée féminine, une portion du chromosome Y (ADNy) transmis en lignée masculine et l’ADN des autosomes (ADNn) transmis à la fois en lignée masculine et féminine et recomposé (on dit « recombiné ») à chaque génération. L’ADNm et l’ADNy n’informent donc que sur deux ancêtres parmi l’ensemble des ancêtres possibles, tandis que l’ADNn informe sur une combinaison des ADN des ancêtres, mais de certains seulement, car tous ne transmettent pas leur ADN à leurs descendants.
  • Quels marqueurs sur l’ADN ? La police scientifique utilise les empreintes génétiques, c’est-à-dire des marqueurs de l’ADNn extrêmement polymorphes tels que deux personnes ne peuvent avoir les mêmes empreintes. Ce sont les STR (Short Tandem Repeat : répétitions, en nombre variable selon les individus, de mêmes motifs d’ADN) On peut également utiliser des centaines de milliers de marqueurs ponctuels sur l’ADN, les SNP (Single Nuccleotide Polymorphism, prononcer « snip » !). Tous ces marqueurs signent la ressemblance et la différence génétique entre individus.
  • A quelles populations affecter l’ADN d’une personne? a) D’abord qu’est-ce qu’une population ? La définition est multicritères : généalogique (ensemble de personnes ayant les mêmes ancêtres), linguistiques (parlant la même langue), ethnologique (partageant la même culture), géographiques (même localisation)… C’est donc une définition ad-hoc aux frontières floues. b) Ensuite, il faut décrire, à l’aide des marqueurs vus plus haut, la diversité génétique du plus grand nombre de personnes et de populations, avec le plus grand nombre de marqueurs possibles (STR ou SNP). Plusieurs enquêtes internationales ont cet objectif (ex : Human Genome Diversity Project_CEPH , 1050 individus, 52 populations du monde, 650000 SNP, mtDNA… ; Genographic Project; Hapmap, 1300 personnes, 11 populations, ~160000SNP ; 1000Genomes, 14 populations, 38 million SNP…).
  • Comment réaliser cette affectation ? a) Elle se fait par comparaison entre les marqueurs de l’ADNm ou de l’ADNy de la personne et la distribution de ces marqueurs dans diverses populations. Cette comparaison indique seulement la présence possible des mêmes marqueurs chez cette personne et dans une ou plusieurs de ces populations. Plus ces marqueurs sont spécifiques d’une population, plus l’affectation de l’ADNm et ADNy de la personne pourra y être. Cependant, elle ne portera que sur un ancêtre en lignée maternelle ou paternelle. b) Comme les marqueurs sur l’ADNn proviennent de multiples ancêtres pouvant être issus de plusieurs populations différentes, l’affectation n’est possible que par un calcul conduisant à affecter, en probabilité, l’ADNn à telles ou telles populations.
  • Conclusion : L’ADN ne renseigne que sur l’affectation, en probabilité, d’une partie du génome d’une personne à un ou plusieurs groupes de personnes, vivant actuellement, groupes constitués en populations catégorisés sur divers critères. Chaque mot est, ici, important.

Les sites web qui vendent actuellement des tests d’origines doivent être considérés à la lumière de cette conclusion qui précise la limite des informations données par l’ADN à propos des origines.

 

Ce cours est proposé par:
Pierre Darlu 

Qui est Pierre Darlu ?

Directeur émérite au CNRS, spécialiste de génétique des populations humaines.

Supports du cours

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