Histoire de l’Afrique avant la colonisation et l’esclavage, par le Pr Bertrand Hirsch. Cours de l’université populaire du cm98 du 13 janvier 2018

A. Que retenir de la conférence de l’université populaire du CM98 donné par le Pr Bertrand Hirsch traitant de l’histoire précoloniale des pays de l’Afrique subsaharienne ?

  1. Qu’il existe de très grandes difficultés à travailler sur l’histoire des pays et peuples d’Afrique, et ce, pour 4 raisons principales:
    1. C’est une histoire non partagée, non enseignée en France.
  1. L’Afrique est le continent à propos duquel il y a le plus de préjugés négatifs (voir le discours de Sarkozy à Dakar). Pour le conférencier : « faire l’histoire de l’Afrique, c’est, pour un Occidental, faire l’histoire des préjugés de sa propre culture ».
  1. C’est une discipline récente en France (la première chaire date de 1960). C’est aussi une discipline jeune également en Afrique. Elle a connu un engouement juste après les indépendances qui est actuellement retombé.
  2. De grandes difficultés pour obtenir des sources fiables :
  • Les écrits endogènes : essentiellement dans les pays islamisés, donc en langue arable. Une exception l’Éthiopie chrétienne. Quoi qu’il en soit, il y a peu de sources écrites non religieuses dans toute l’Afrique.
  • Les écrits exogènes : ce sont des sources arabes, très tardivement européennes. Elles se basent pour l’essentiel sur des récits de commerçants et non sur un travail de terrain sauf un seul, le grand historien Ibn K
  • Les sources orales qui sont importantes, mais limitées par définition
  • L’Archéologie : outils fondamental, mais coûteux. La plupart des pays d’Afrique n’en ont pas les moyens.
  • Pour couronner le tout : très souvent les sources donnent des résultats qui ne se recoupent pas.

B. Une question économique majeure. La plupart des pays d’Afrique ne peuvent pas se payer une école d’Histoire

C. Le débat fut passionné autour de questions telles que celles sur l’histoire de l’Égypte nègre, de la légitimité ou non qu’un Occidental puisse être un historien de l’Afrique, sur les opportunités qu’il y avait à l’université d’étudier l’histoire des pays d’Afrique. Il en est ressorti l’importance de l’existence de cette université populaire (seul lieu où sont traitées ces questions). Il a été affirmé qu’enseigner l’histoire n’était pas une question de couleur, mais d’intérêt et de rigueur.

Il est clair qu’il existe aujourd’hui une jeunesse originaire d’Afrique qui se cherche et qui souhaite avoir des connaissances sur l’Histoire des pays d’où leurs parents sont originaires. Manifestement, il y a un intérêt commun entre cette demande pressante, viscérale, pratiquement vitale de ces jeunes Français originaires d’Afrique et celle des jeunes Antillais qui souhaitent savoir comment, pourquoi et dans quel contexte leurs aïeux d’Afrique ont été vendus et embarqués à bord des navires négriers. Nous devons réfléchir à un module sur l’Afrique précoloniale.

Serge Romana

Responsable de l’Université populaire du CM98

Quelques références bibliographiques :

  • François Xavier Fauvelle. Le rhinocéros d’or : Histoires du Moyen Âge africain. 2014. Poche
  • UNESCO. Histoire générale de l’Afrique noire. 1990. 8 volumes
  • Elikia M’Bokolo. Afrique Noire. Tome 1. Histoire et civilisation. 1995. Hatier — Aupelf. Uref
2018-02-08T23:50:25+00:00 Tags: , , |