Tables rondes : Réflexion sur une mémoire de l’esclavage dans la tourmente les 13, 15 et 16 mai 2021

LES TABLES RONDES DU TANLANMEKANFENEG 

LES 13, 15 et 16 mai 2021 – de  15H A 17H – En visioconférence

Réflexion sur une mémoire de l’esclavage dans la tourmente

Le 21 mai 2001, la France reconnaissait les traites négrières et l’esclavage comme crimes contre l’humanité, en adoptant la loi portée par la députée guyanaise, Christiane TAUBIRA.

20 ans après, malgré l’institutionnalisation d’une commémoration nationale le 10 mai, l’obligation d’enseigner l’histoire de l’esclavage, la création d’une fondation d’utilité publique et d’un musée national en Guadeloupe (le Mémorial ACTe), les populations et les associations concernées par cette histoire peinent à partager une mémoire apaisée de l’esclavage. Au cours de ces 20 dernières années, quelques faits marquants en témoignent.

Le 12 novembre 2013 et le 1 juin 2017 se tiennent deux procès historiques sur les réparations de l’esclavage devant les tribunaux de grande instance de Fort-de-France et de Basse-Terre. Au banc des accusés, l’Etat français impliqué dans la traite et la mise en esclavage de millions d’Africains. Le Mouvement International pour les Réparations (MIR), le Conseil Mondial de la Diaspora Panafricaine (CMDP), le Comité International des Peuples Noirs (CIPN), et les 70 descendants d’esclaves antillais, à l’origine de ces assignations en justice, ont réclamé la création d’un comité d’experts chargé de mesurer l’ampleur des préjudices subis par les Guadeloupéens et les Martiniquais, descendants d’Africains mis en esclavage aux Antilles, et d’en évaluer le coût. Depuis, ces activistes exigent également des réparations aux Békés dont les ascendants ont bénéficié de la loi d’indemnisation des colons du 30 avril 1849, à la suite de l’abolition de l’esclavage. Les esclavagistes ont été dédommagés de quelques millions d’équivalents euros pour la perte de leurs esclaves.

En 2011, le MIR porte plainte contre Roger De JAHAM, chef d’entreprise Béké aujourd’hui décédé, pour apologie et contestation de crime contre l’humanité, ainsi que pour incitation et provocation à la haine raciale. Il a tenu lors de l’émission « l’heure ultramarine » sur France-Inter le 15 Août 2011, les propos suivants : « les blancs engagés pour 36 mois étaient moins que rien, moins qu’un esclave…Les esclaves avaient une valeur marchande que n’avaient pas les engagés ».

De 2001 à 2017, l’association CM98, connue pour défendre une mémoire apaisée de l’esclavage et souhaiter une réconciliation entre les descendants des protagonistes de cette histoire, a pourtant dû affronter l’Etat français pour qu’une commémoration nationale soit strictement dédiée aux victimes, comme l’exige tout crime contre l’humanité. Il a fallu 16 ans de lutte des militants du CM98, couronnée par la grève de la faim de leur président de l’époque, Serge ROMANA, pour que le 23 mai, journée célébrée par les associations antillaises dans l’Hexagone en hommage à leurs aïeux esclaves, soit enfin inscrite dans la loi du 30 juin 1983, modifiée par la loi du 28 février 2017, relative à la commémoration de l’esclavage et en hommage aux victimes.

Le 22 mai 2020, lors de la commémoration de l’abolition de l’esclavage en Martinique, des jeunes activistes martiniquais déboulonnent des statues de Victor Schœlcher. Les images choquent. Les Républicains français s’en émeuvent. Mais, pour les Martiniquais et les Guadeloupéens, ces actes qu’ils sont peu nombreux à condamner, révèlent un violent rejet des symboles de la présence française dans les départements d’Outremer, fussent-ils abolitionnistes.

Et enfin, la note publiée le 9 octobre 2020 par la fondation pour la mémoire de l’esclavage dresse un bilan mitigé de l’enseignement de l’histoire de l’esclavage à partir de l’étude des programmes et des manuels scolaires. Elle déplore des disparités et des inégalités dans la formation des élèves qui n’apprennent pas la même chose sur l’esclavage selon les filières et les territoires où ils sont scolarisés en France.

Les tables rondes du temps Lanmèkannfènèg que nous lançons cette année ont pour objectif de comprendre pourquoi l’état français ne parvient pas à apaiser la mémoire de l’esclavage et à enseigner sans disparités et inégalités l’histoire de l’esclavage sur l’ensemble de son territoire, alors qu’elle est la première nation européenne à avoir reconnu la traite négrière et l’esclavage comme crimes contre l’humanité ?

PROGRAMME

Jeudi 13 mai 2021

Pourquoi la France ne parvient-elle pas à enseigner sans disparités et inégalités l’histoire de l’esclavage sur l’ensemble de son territoire ?

Table ronde co-animée par Josely DOROTHEE et Viviane ROLLE-ROMANA

  • Frédéric REGENT, historien et maître de conférences en Histoire moderne : L’enseignement de l’histoire de l’esclavage, 20 ans après la loi Taubira
  • Lionel TRANI, professeur certifié en histoire-géographie : Les difficultés des enseignants à transmettre l’histoire de l’esclavage
  • Cécilia ELIMORT-TRANI, professeure certifiée en histoire-géographie  : Comment aborder la traite négrière et l’esclavage en milieux scolaire ?
  • Mariane GLAUDE et Camille DOROTHEE, adhérentes du CM98 : Témoignages d’anciennes élèves du secondaire sur l’enseignement de l’esclavage.

INSCRIPTION VISIOCONFERENCE JEUDI 13 MAI 2021 à 15 heures à Paris (9  heures Antilles – 17 heures La Réunion – 10 heures la Guyane) : https://zoom.us/webinar/register/WN_nF4hGJYxQUWdsVRmhGAEhA

Samedi 15 mai 2021

Pourquoi l’Etat français ne parvient-il pas à apaiser la mémoire de l’esclavage?Première partie

Table ronde co-animée par Viviane ROLLE-ROMANA et Mariane GLAUDE

  • L’activiste Shatta : Le rejet des symboles et des figures de proue de la période esclavagiste dans les anciennes colonies françaises
  • Philippe PICHOT, chargé de mission de la route des abolitions de l’esclavage : Une mémoire de l’esclavage clivante et communautaire
  • Dr Emmanuel GORDIEN, virologue et président du CM98 : Les victimes de l’esclavage, ces grands oubliés de la politique mémorielle française.

INSCRIPTION VISIOCONFERENCE  SAMEDI 15 MAI 2021 à 15 heures à Paris  (9 heures Antilles – 17 heures La Réunion – 10 heures la Guyane)  https://zoom.us/webinar/register/WN_mWzq-aWVRtK-yyRrH4yT7w

Dimanche 16 mai 2021

Pourquoi l’Etat français ne parvient-il pas à apaiser la mémoire de l’esclavage?Deuxième partie

Table ronde co-animée par Viviane ROLLE-ROMANA et Josely DOROTHEE

  • Luc REINETTE, fondateur du CIPN : Les luttes pour les réparations des préjudices de l’esclavage et de la traite négrière
  • Emmanuel De REYNAL, chef d’entreprise et membre fondateur de « Tous créoles » : La difficile réconciliation entre les descendants des protagonistes de l’histoire de l’esclavage
  • Pr Serge ROMANA, généticien et président de la Fondation Esclavage et Réconciliation : La loi Taubira, les réparations, les droits de l’homme et les victimes…20 ans après !

INSCRIPTION VISIOCONFERENCE DIMANCHE 16 MAI 2021 à 15 heures à Paris (9 heures Antilles – 17 heures La Réunion – 10 heures la Guyane) : https://zoom.us/webinar/register/WN_NPTi6Ft8RwWnkf9m3OeGKA