LE CHEMIN DE FER DE NOS AÏEUX ESCLAVES : VWÈ MIZÈ, PA MÔ ! | Station 3

Quelques éléments sur le travail de nos aïeux esclaves dans une sucrerie

Quand on revient [dîner] (déjeuner) à la maison, on retourne au travail à une heure de l’après midi jusques sur les six heures du soir, qu’on quitte le travail du Jardin, pour revenir à la maison, et commencer celui qu’on appelle la veillée, qui dure encore deux ou trois heures; mais auparavant on fait la Prière : après quoi ceux qui doivent travailler à la Sucrerie, aux fourneaux, et au moulin à minuit, relèvent ceux qui y sont actuellement et demeurent à leur place jusqu’à huit heures; ce qu’on appelle le petit quart.

esclavage champ de canne

Mais, il vaut mieux ne point faire ce partage, et envoyer coucher ceux qui ont travaillé à la Sucrerie depuis minuit, afin qu’il aille six heures à se reposer, et faire entrer à leur place ceux qui n’ont travaillé au Jardin, ou autre part, que depuis six heures du matin. Quant aux autres qui ne sont point occupés à ces trois postes, ils passent leur veillée à gratter du Manioc, ou a d’autres voisins de la maison dont on ne manque jamais.

Père Labbat. Nouveau voyage aux Isles Françaises de l’Amérique (1696). Tome deuxième. p195-6. 1972. Édition des Horizons Caraïbes, Fort-de-France Martinique

Le Père LabatAvertissement : les scènes de vie qui vont vous sont rapportées cette semaine sont celles écrites par un missionnaire, le père Jean-Baptiste Labat (1663-1738). Ce curé de l’ordre des Dominicains débarque en Martinique, le 29 janvier 1694, et séjourne à la paroisse de Macouba, où il travaille pendant deux ans à la développer. Il y construit de nombreux édifices. En 1696, il séjourne en Guadeloupe et en Dominique puis est nommé procureur syndic des îles d’Amérique à son retour en Martinique. Il est l’un des tout premiers chroniqueurs de la vie de la Martinique et de la Guadeloupe de la fin du 17e et au début du 18e siècle. Ses descriptions sont précises et donnent des indications sur la vie de nos parents en ce temps-là. Il faut garder à l’esprit qu’il est un ecclésiastique esclavagiste avec tous les préjugés que cela implique.

Il rassemble ces notes dans le célèbre « Voyage aux isles Françoises de l’Amérique ».

2017-02-03T00:09:08+00:00