Station 5 : La vie de nos aïeux selon les études des dépouilles du cimetière d’esclaves de l’anse Sainte-Marguerite au Moule (P. Courtaud. Archéologue. UMR 5199 CNRS- Université de Bordeaux. Conférence de l’université populaire du CM98 du 20/02/2016. Université Paris 1 Panthéon – Sorbonne)
Le cimetière de l’anse Sainte-Marguerite est à ce jour le deuxième plus grand cimetière d’esclaves fouillé de toutes les Amériques, après celui de New York. C’est actuellement le seul disponible pour des études, celui de Manahattan ayant été réinhumé.
Les archéologues supposent que ce grand nombre de sépultures indique que ce cimetière regroupait des esclaves de plusieurs habitations de la commune du Moule et peut-être aussi de Petit-Canal tout proche
La disposition des corps et les objets qui y ont été trouvés montre que le rite funéraire, surtout dans la partie du 19e siècle, est chrétien.
L’étude biologique des squelettes a montré une fréquence de l’ordre de 7% de différentes formes de tuberculose osseuse, ce qui signifie que quasiment toute la population était concernée par cette maladie infectieuse, dont la forme la plus fréquente est pulmonaire. Si les traumatismes osseux ne sont pas particulièrement nombreux, en revanche les arthroses touchant des individus jeunes témoignent qu’ils étaient soumis à des stress mécaniques importants. Globalement, les indices osseux pathologiques vont dans le sens d’une population soumise à une promiscuité importante, un mauvais état sanitaire et de rudes conditions de travail.
Avertissement : les scènes de vie qui vont vous sont rapportées cette semaine sont celles écrites par un missionnaire, le père Jean-Baptiste Labat (1663-1738). Ce curé de l’ordre des Dominicains débarque en Martinique, le 29 janvier 1694, et séjourne à la paroisse de Macouba, où il travaille pendant deux ans à la développer. Il y construit de nombreux édifices. En 1696, il séjourne en Guadeloupe et en Dominique puis est nommé procureur syndic des îles d’Amérique à son retour en Martinique. Il est l’un des tout premiers chroniqueurs de la vie de la Martinique et de la Guadeloupe de la fin du 17e et au début du 18e siècle. Ses descriptions sont précises et donnent des indications sur la vie de nos parents en ce temps-là. Il faut garder à l’esprit qu’il est un ecclésiastique esclavagiste avec tous les préjugés que cela implique.
Il rassemble ces notes dans le célèbre « Voyage aux isles Françoises de l’Amérique ».