LE CHEMIN DE FER DE NOS AÏEUX ESCLAVES : VWÈ MIZÈ, PA MÔ ! | Station 8

Station 8 : La maison de nos aïeux durant l’esclavage (2)

Les lits des Nègres ne consistent qu’en deux ou trois planches posées sur des traverses, qui sont soutenues par de petites fourches. Ces planches sont quelquefois couvertes d’une natte de côtes de balisier ou de la latanier, avec un billot de bois pour chevet. Quand les Maîtres sont un peu raisonnables, ils leur donnent quelques méchantes couvertures, ou les vieux blanchets, ou quelques grosses toiles pour se couvrir. En ce cas, c’est au Commandeur à avoir soin de les leur faire laver de temps en temps, aussi bien que leurs nattes, à cause des punaises et des poux, à quoi ils sont forts sujets. Par la même raison, il faut leur faire laver souvent leurs habits, et leur faire raser la tête. Le reste demeures meubles consistent en des calebasses, des colis, des canaris, des bancs, des tables, quelques ustensiles de bois, et quand ils sont un peu accommodés, en un coffre ou deux pour serrer leurs hardes.

Père Labat. Nouveau voyage aux Isles Françaises de l’Amérique (1696). Tome deuxième. Page 406. 1972. Édition des Horizons Caraïbes, Fort-de-France Martinique.

Le Père LabatAvertissement : les scènes de vie qui vont vous sont rapportées cette semaine sont celles écrites par un missionnaire, le père Jean-Baptiste Labat (1663-1738). Ce curé de l’ordre des Dominicains débarque en Martinique, le 29 janvier 1694, et séjourne à la paroisse de Macouba, où il travaille pendant deux ans à la développer. Il y construit de nombreux édifices. En 1696, il séjourne en Guadeloupe et en Dominique puis est nommé procureur syndic des îles d’Amérique à son retour en Martinique. Il est l’un des tout premiers chroniqueurs de la vie de la Martinique et de la Guadeloupe de la fin du 17e et au début du 18e siècle. Ses descriptions sont précises et donnent des indications sur la vie de nos parents en ce temps-là. Il faut garder à l’esprit qu’il est un ecclésiastique esclavagiste avec tous les préjugés que cela implique.

Il rassemble ces notes dans le célèbre « Voyage aux isles Françoises de l’Amérique ».

2017-02-03T00:09:08+00:00