Le 27 avril, est une date importante de notre histoire collective : celle du décret d’abolition de l’esclavage en 1848. Signé par le gouvernement provisoire de la IIe République française, sous l’impulsion de Victor Schœlcher, des mouvements abolitionnistes et des luttes et résistance des esclaves eux-mêmes, ce décret met fin officiellement à des siècles d’esclavage. Il ouvre un chemin, lent mais irréversible, de l’ombre à la lumière.

Pourtant, derrière la signature du décret du 27 avril 1848, l’ombre persistait encore : la liberté promise ne serait applicable que deux mois après l’arrivée du décret dans la colonie. Mais tout cela allait être précipité pour ceux qui avaient tant enduré, à la suite d’émeutes d’esclaves à Saint-Pierre à la Martinique autour de l’arrestation de l’esclave Romain pour avoir « joué au tambour ». L’insurrection d’esclaves qui suivit, précipita l’application de l’abolition dans nos pays : en Martinique le 23 mai, en Guadeloupe le 27 mai. Le décret fut appliqué à son arrivée en Guyane 10 juin, et à La Réunion, le 20 décembre 1848.

Sortir de l’ombre, c’est reconnaître cette histoire longtemps oubliée ou tue ; c’est redonner des visages, des noms, des mémoires à celles et ceux qui ont vécu l’esclavage colonial. C’est rendre hommage aux abolitionnistes, penseurs et militants qui, en France comme dans les colonies, ont porté haut les principes universels de liberté et d’égalité. Mais c’est aussi saluer la force des esclaves eux-mêmes, leur résistance quotidienne, leurs révoltes ouvertes ou silencieuses, leur résilience face à l’oppression coloniale et esclavagiste. L’abolition n’a pas été un simple geste venu d’en haut ; elle est le fruit d’une convergence entre ces engagements multiples, entre les luttes politiques et les combats menés dans l’ombre des plantations, des ateliers et des campagnes coloniales, et aussi la faillite de ce système économique.

La lumière, c’est la liberté retrouvée. C’est la dignité rendue à des millions d’êtres humains. C’est l’accès à l’égalité des droits, à la citoyenneté, à la reconnaissance de chacun dans sa pleine humanité. La lumière, c’est aussi la transmission de cette histoire aux générations futures, pour construire une société lucide sur son passé et capable de regarder l’avenir avec confiance, force et conscience. Cependant, la colonisation elle-même ne fut officiellement abolie qu’après le vote de la loi de départementalisation du 19 mars 1946, dans les quatre dernières colonies françaises

Aujourd’hui encore, ces héritages nous engagent. Ils nous invitent à ne pas laisser cette mémoire de l’esclavage colonial s’effacer. C’est cette mission que porte le CM98, en rendant hommage aux victimes de l’esclavage colonial et en travaillant inlassablement pour faire sortir de l’oubli leurs histoires individuelles et collectives.

Depuis la grande Marche du 23 mai 1998 à Paris, le CM98 porte haut la mémoire des esclaves et de leurs descendants. Cette date est devenue un temps fort pour rendre hommage aux millions de femmes, d’hommes et d’enfants victimes de la traite et de l’esclavage colonial français. Elle est devenue suite à tous ce combats du CM98, date nationale française.

Fiers d’être Descendants d’Esclave. Le 23 mai racontons nos histoires !

À travers nos présences, nos gestes, nos pensées, faisons vivre leur mémoire et poursuivons le chemin de l’ombre à la lumière.

Le CM98 vous invite à participer activement aux cérémonies, aux lectures de noms et aux rassemblements organisés pour honorer leur héritage.

En attendant, ce 27 avril, souvenons-nous : chaque pas vers la lumière commence par un acte de mémoire !